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TEMOIGNAGE : hébergement

Terre d’Ancrages nous permet, comme collectif et comme association, d’offrir des solutions d’hébergement aux migrants et demandeurs d’asile à Lyon ; mais héberger, c’est surtout l’occasion de vivre de beaux moments d’émotion et d’échange. Merci à Alice pour ce joli témoignage.

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Cette maison était la vôtre avant même que vous n’arriviez, par un heureux hasard (merci encore Juliette et Claire!). C’est la maison de ceux qui ont toujours du thé au chaud pour ceux qui rentrent (merci pour le thé toujours réconfortant et toujours délicieux) et pour ceux qui arrivent. C’est la maison de ceux qui chantent en cuisinant, qui chantent en nettoyant, qui chantent le soir. C’est la maison de ceux qui rient, qui rient des casse-couilles qui veulent du thé ET du café, qui rient de nos plaque électriques capricieuses, des mariages à plus de 1000 invités et du fait que nous avons tous presque le même nom. C’est la maison d’Athié, la merveilleuse cuisinière, d’Atrin Superman, d’Abbas le musicien fantastique, d’Arsham vive et adorable, et c’est la nôtre.

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Semaine du 30 janvier au 5 février

Cette semaine, Terre d’Ancrages devient une association, une vraie ! Un nouveau statut qui va nous permettre d’aider toujours plus migrants et demandeurs d’asile à Lyon. Hébergement, projets (inter)culturels, aide humanitaire d’urgence, nos bénévoles restent actifs sur tous les fronts.

Commençons par une belle réussite cette semaine : le financement de l’année universitaire de Houazza et de sa compagne Houria à l’Université Lyon Lumière, en LEA et en droit. Notre collecte est lancée mercredi et jeudi soir, nous avons déjà récolté les 400€ nécessaire. Sachez qu’il est toujours possible de participer en ligne !

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Photo prise par Houazza lors de son premier jour à l’université Lyon Lumière (le 1er février 2017)

 

Nous suivons actuellement une femme enceinte et ses deux enfants, que nous accompagnons à l’hôpital, où elle a pu entendre les battements du cœur de son bébé, et où ses deux enfants ont pu être soignés. Nos bénévoles se mobilisent pour lui fournir couches et nourriture, de même qu’un hébergement pour quelques semaines, dans le huitième arrondissement de Lyon, et ce toujours grâce à notre groupe Facebook, où une réactivité constante permet également de mobiliser un petit groupe de bénévole autour de parents syriens qui recherchent un dispositif d’aide aux devoirs et à l’intégration en France pour leur fils, ou de trouver une poussette, ou encore des vêtements en urgence pour les familles et personnes que nous suivons.

Nous nous retrouvons aussi cette semaine lors d’une séance de tri et de cartons dans le cadre du convoi pour la Syrie. Le camion est parti, espérons qu’il fasse bonne route !

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Les cartons attendent le départ chez Constance

 

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Le camion rempli de cartons fournis par Terre d’Ancrages, ActForRef et Entraide Internationale Romagnieu, plein et prêt à partir (le 3 février 2017)

 

Par ailleurs, nos sorties au Musée de la Miniature et du Cinéma continuent tous les samedis de février, de même que nos permanences quotidiennes au local de l’équipe Sésame du Secours catholique. Nous nous préparons également à reprendre nos maraudes, toujours suspendues jusqu’à la fermeture des gymnases dans lesquels des familles ont pu être logées pendant le plan grand froid déployé à Lyon. Nous n’en récupérons pas moins les surplus de notre partenaire de l’ENS de Lyon, ENvertS, et pour les familles que nous accompagnons.

Cette petite accalmie est cependant l’occasion de faire le point sur les prochains rendez-vous de Terre d’Ancrages : le 18 février, une vente d’illustrations sera organisée par l’association Encrages au profit de Terre d’Ancrages, d’ActForRef et Sadaqa Humanity à la Taverne Gutemberg, à Lyon. Nous préparons également une journée de carnaval au CADA de Vaulx en Velin, avec l’organisation d’ateliers de couture et de cuisine, pour que crêpes et déguisements soient bien au rendez-vous. Autre événement en préparation, un concert Terre d’Ancrages qui sera donné à l’ENS de Lyon le 14 avril, et qui sera l’occasion d’un échange culturel fort.

N’oublions pas notre projet de l’été, l’Ancragienne, qui progresse petit à petit : l’itinéraire est à peu près fixé désormais, de Lyon à Paris en passant par Tarare, Roanne, Gueugnon, Decize, La Charité-sur-Loire, Evry…
Enfin, dimanche, la première assemblée générale de notre association nous permet de nous retrouver autour d’un apéritif et de faire le point sur nos nombreux projets, avec le sentiment, toujours, que le meilleur reste à venir.

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Semaine du 23 au 29 janvier

Le dynamisme de nos bénévoles ne faiblit pas et nous avons beaucoup à raconter cette semaine ; un petit compte-rendu ?

En ce qui concerne l’hébergement, malgré les gymnases, des personnes restent sans solution et le 115 refuse encore du monde. Nous nous organisons, cherchons des relais d’hébergement durable pour des solutions d’urgence auxquelles nous devons tout de même avoir recours. Une dizaine de personnes sont actuellement hébergées chez nos bénévoles, dont cinq de façon durable (merci, entre autres, à Sarah et sa famille, à Paule, à Nicole…). Tous les jours, de nouveaux cas de familles isolées et sans solution nous sont signalés, et la situation risque de rester problématique, avec la fin de la vague de froid et la fermeture prochaine des gymnases. Rappelons à ce propos qu’il est important d’appeler le 115, dans la mesure où ce sont eux qui redirigent vers l’hébergement. Il est également possible de s’organiser entre citoyens : si vous souhaitez offrir un toit pour une nuit, ou deux, ou plus, contactez-nous, à moins que vous ne préfériez passer par l’intermédiaire de notre partenaire, l’Ouvre-porte.

En-dehors de l’hébergement, nous restons mobilisés pour l’organisation de sorties, notamment notre série de visites au Musée de la Miniature et du Cinéma, qui se précise : les gérants du musée acceptent de ne pas faire payer l’entrée aux bénéficiaires de ces visites ; les bénévoles qui les accompagnent paieront quant à eux leurs places. Plusieurs familles sont intéressées et nous cherchons toujours des bénévoles pour participer à ces visites, dont la première a eu lieu samedi.

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Une première sortie réussie au Musée de la Miniature et du Cinéma (28 janvier 2017)

 

Du côté des maraudes, la mobilisation se maintient également, et les personnes qui vivent groupées dans les endroits que nous visitons habituellement ont trouvé un hébergement en gymnase pour la vague de froid, nous envoyons la nourriture dans les CADA de Vaulx en Velin et de Villeurbanne.

Les centres d’hébergement d’urgence vont bientôt fermer cependant, et nous nous mettons en quête de valises. Nous restons également à l’écoute des autres associations, comme les Restaus du cœur, pour lesquels nous effectuons une première livraison de nourriture et de vêtements à partir de nos stocks.

Un autre partenariat qui se dessine, celui que nous proposent les Scouts du Val de Saône, avec lesquels nous envisageons d’organiser une vaste rencontre publique qui mobiliserait et rassemblerait tous ceux avec qui nous avons commencé à créer des liens. Pourquoi, par exemple, ne pas installer des stands rue de la République, avec des plats préparés en commun, et proposer à la vente le livre de cuisine que nous préparons actuellement ?

Si les idées nouvelles n’en finissent pas de fleurir, d’autres se concrétisent, comme celle de la collecte de bouillottes à destination de la Serbie. Terre d’Ancrages, après avoir mis 200€ à contribution, participe à l’envoi d’un convoi d’aide vestimentaire, à partir de nos stocks constitués lors de notre première collecte. Le rendez-vous est déjà pris pour faire des cartons et pour charger le carton ! Les fonds sont cependant toujours nécessaire pour financer le camion vers la Serbie, n’hésitez pas à participer !

Des actions à grande échelle, oui, mais aussi devant notre porte : nos bénévoles échangent chaque jour sur des situations particulières, des familles à aider. Nous sommes, par exemple, actuellement mobilisés autour d’un père et de sa fille à scolariser, et autour d’une femme enceinte et de ses deux enfants.

Enfin, terminons sur une bonne nouvelle : Terre d’Ancrages a été sélectionnée par l’association Encrages pour faire partie des associations auxquelles bénéficieront les fonds collectés lors d’une vente d’illustrations organisée le samedi 18 février à la Taverne Gutemberg (rue de l’Epée, à Lyon). Ce sera une bonne occasion de se retrouver, de parler de ce que nous faisons, de nous rencontrer peut-être ? Si vous pensez venir, nous vous invitons à visiter la page Facebook de l’événement, sur laquelle vous trouverez toutes les informations nécessaires.

A la semaine prochaine !

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Semaine du 16 au 22 janvier

Le froid persiste cette semaine, et nos bénévoles travaillent à trouver des solutions d’hébergement ) Lyon pour ceux qui ne trouvent toujours pas de place dans les centres d’accueil. Nous parvenons à trouver quelques solutions pour des femmes seules, et lançons un nouvel appel pour des hommes seuls qui dorment encore dans le froid. Par ailleurs, notre réseau nous a aussi permis de ramener une femme de l’hôpital de Lyon où elle a accouché récemment vers son logement à Givors, qu’elle risquait de perdre si elle n’y retournait pas rapidement.

D’autres projets progressent, notamment l’ « opération bouillotte » dont nous vous parlions il y a peu, dont l’objectif est de rassembler fonds et bouillottes pour les réfugiés de Serbie qui doivent affronter des températures négatives cet hiver. Il est toujours possible de participer à la campagne de financement lancée à cet effet. Notre partenariat avec le Secours catholique lors des permanences auxquelles nous participons dans leurs locaux permet d’évaluer des besoins de manière plus précise ; cette semaine, il s’agit de récupérer des vêtements pour homme. L’un des moyens les plus efficaces pour répondre aux différents besoins reste cependant notre groupe facebook, qui est toujours le support d’appels à l’aide, auxquels des réponses sont souvent apportées dans l’heure. Plus récemment, nous pensons à l’organisation d’une collecte vestimentaire et alimentaire dans l’ENS au profit des Restos du cœur, auxquels nous avons déjà fourni quelques cartons dans la semaine. Les permanences vont commencer à s’organiser, l’appel aux volontaires est lancé !

Si la température et la situation dans Lyon attire bien sûr notre attention sur des besoins vitaux, nous n’en oublions pas pour autant que l’un des rôles essentiels que nous voulons donner à notre collectif est celui d’offrir des moments de loisir, de détente, à des personnes souvent isolées tant par leur situation administrative et financière que par leur langue. Une nouvelle idée émerge, celle de mener un projet artistique commun entre bénévoles et demandeurs d’asile. Nous organiserons pour cela des ateliers de dessin, peinture, photographie, ouverts à tous, et ce tous les vendredis après-midi. Ce projet, dont l’idée est de rassembler, s’adresse à tous : demandeurs d’asile, bénévoles, passionnés d’art, débutants, adultes, enfants… Contactez-vous si vous êtes intéressé !

Notre partenariat avec le Musée de la Miniature et du Cinéma prend forme lui aussi : une série de visites, tous les samedis de février, est d’ores et déjà prévue avec bénévoles et familles.

Du côté des maraudes, l’organisation est rôdée désormais, et nos sessions cuisine et distribution se succèdent, avec des menus variés entre sandwichs, pâtes, soupes, purées, compotes… Tout cela nous est permis par notre partenaire, EnVertS, qui nous offre de récupérer chaque semaine les surplus de légumes, pain, œufs et fromage en fin de distribution. Que diriez-vous d’en apprendre un petit peu plus sur cette association ?

ENvertS est le club écolo de l’ENS de Lyon et gère entre autres une AMAP depuis presque deux ans. Les produits proposés sont commandés en avance pour garantir les revenus des producteurs, mais il arrive que des AMAPiens oublient de venir chercher leur panier, ce qui cause des restes. Terre d’Ancrages, (un collectif qui s’occupe des sans-abris et des réfugiés sur Lyon) constatant qu’il y avait souvent des restes, a proposé de les prendre pour en faire profiter les plus démunis. Comme ENvertS défend la solidarité au même titre que Terre d’Ancrages, et pour éviter le gaspillage, le bureau d’ENvertS a décidé de changer le mode de redistribution des paniers oubliés : au lieu de revenir aux personnes de l’AMAP assurant la distribution, ils sont confiés à Ancrages.
C’est dans cette mesure qu’Enverts et Ancrages travaillent ensemble.

Dans la mesure où nos partenariats et projets se multiplient, nous avons hâte de passer du statut de collectif à celui d’association. Notre assemblée générale constituante est désormais fixée : elle aura lieu dans les locaux d’ Anciela, le dimanche 5 février en fin d’après-midi.

Terminons enfin sur un petit point concernant le livre de cuisine que des membres de notre collectif préparent en partenariat avec l’association de l’ENS, ItinérENS : une première réunion a eu lieu, qui a permis de définir le format des recettes et du livre, ainsi que le calendrier pour sa confection et sa mise en vente.

Beaucoup de beaux projets à suivre donc, à la semaine prochaine !

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TEMOIGNAGE : Claire nous raconte la maraude du 11 janvier

Avec la rentrée, nous reprenons les maraudes sur un rythme plus régulier. Nous nous sommes concertés avec les autres associations qui organisent des distributions de repas pour éviter de faire doublon, et avons décidé de venir le midi par ce que c’est là que les manques sont les plus importants. Pour l’instant, on prévoit deux midis par semaine : le mercredi et le samedi. Nous concentrons notre action sur le square Jeanne Jugan, derrière la Part-Dieu, où une dizaine de tentes ont pris place, avec l’ambition d’aller de temps en temps à Perrache et partout où on repérera des besoins.
Nous récupérons les surplus d’une AMAP et préparons de la soupe avec les légumes, grâce à des colocations d’amis étudiants et membres de l’association qui nous accueillent, ici et là. Ce matin, nous avons donc gaillardement épluché les céleri, coupé les choux, etc., pour aller faire une distri vers 13h. L’organisation entre nous, pour savoir qui peut ramener une marmite, un mixeur-plongeur, etc. n’est pas encore parfaite, on manque encore un peu d’équipement, mais on y travaille ! Comme on avait le luxe d’aller au square en voiture, on a pu apporter aussi un grand carton de vêtements issus des collectes de décembre, pour que les personnes puissent se servir selon leurs besoins. Il y avait pas mal de monde : des familles qui dorment là dans des tentes, et des familles qui dorment au gymnase ouvert par la Ville, mais passent la journée là puisqu’elles sont forcées de quitter le gymnase pendant la journée. Le 115 qui est pas loin fait un accueil de jour pendant l’après-midi, certains y vont se réchauffer. Je dirais qu’il y avait bien une dizaine de tentes, quatre ou cinq familles avec des enfants entre 5 et 10 ans, et plusieurs groupes de jeunes et d’adultes. Les nationalités se mêlent, avec beaucoup d’Européens de l’Est (Albanais, Serbes…) mais aussi un Iranien, un Soudanais…
La soupe a finalement moins de succès que la grosse marmite de pâtes à la sauce tomate qu’on avait préparée aussi : faut-il modifier notre cuisine? Difficile de savoir ce qui plaira ou pas face à une population diversifiée, originaire de pays aux habitudes culinaires différentes des nôtres. En tout cas, les thermos de café ou thé chaud et les petits gâteaux au chocolat s’écoulent comme des petits pains. La distribution est aussi l’occasion de parler avec eux, en albanais grâce à notre polyglotte Lola, en anglais, allemand ou français pour tout le monde, selon les cas. Quelques familles nous signalent des besoins en chaussures. Une mère nous explique que ses deux filles ont besoin d’un dentiste – elles ont tellement mal qu’elles refusent de manger. Un père de famille nous montre son smartphone cassé, le seul dont ils disposent, et nous demande où le réparer. Ina, qui loge maintenant dans le gymnase avec sa famille: c’est un hébergement d’urgence qui a été mis en place avec le Plan Grand Froid, et a été prévu pour durer dix jours. La Ville décidera-t-elle de prolonger l’hébergement, ou seront-ils renvoyés à la rue malgré le froid? Nous six, on se sent assez démunis face à ces demandes : on conseille de notre mieux, on donne une adresse, on les oriente vers une structure plus compétente, on promet de se renseigner faute de mieux. Moi, ne sachant plus quoi faire à part offrir mes sourires, je me mets de côté et regarde les enfants qui escaladent la grande araignée du square en me criant « guck mich ! schau mal ! » (« regarde! »), trop heureux d’avoir un public. La résilience des enfants m’impressionne vraiment, et leur capacité d’apprentissage aussi : après quelques mois à Frankfurt, ils parlent allemand bien mieux que leurs parents. Je prends le pari que bientôt, ils réclameront mon attention en français.
Claire